samedi 26 janvier 2013

Laïcité mon cul!

Un dessin de Plantu pour commencer:

Rien ne vaut un bon vieil ennemi commun j'ai nommé "l'homosexuel ultra minoritaire lobbyiste" pour que les obscurantistes de toutes confessions soient frères de nouveau. Certain d'entre eux sont même assez paranoïaque pour suggerer l'existence d'un lobby Gay au front national
Enfin heureusement pour les anti-mariage homos que les cathos mènent la barque, parce que vous pouvez être sur que si les musulmans avaient mené les manifestations, toute la société leur serait tombée dessus a coup de "Radicaux islamistes qui menacent notre belle laïcité républicaine", front national et UMP en tête. On ne peut hélas que constater que notre laïcité républicaine est a géométrie variable et s’accommode plutôt bien des activistes au crucifix et a l’étoile de David, tandis que ceux au croissant n'ont pas intérêt a moufter. Le jour ou Le Pen et Claude Guéant viendront nous expliquer au 20 heures de TF1 que 340000 ou 1000000 de fanatiques qui défilent a Paris contre une évolution plus égalitaire du code civil sont un danger pour notre république, on pourra commencer a prendre au sérieux leurs atermoiements laïco-republicains des qu'un musulman un peu trop fragile fait des chichis a cause de la gélatine de porc dans les bombecs de ses gosses. En attendant que ce jour bénit arrive, on ne peut que comprendre que ce ne sont que des racistes qui se planquent derrière la laïcité.

mardi 15 janvier 2013

Stalin's not dead!

Parmi mes dernières lectures, je ne saurais trop vous conseiller de vous plonger dans "L'archipel du goulag". C'est une oeuvre fascinante, pas uniquement pour des raisons historiques, mais aussi parce qu’elle peut nous aider a comprendre comment le stalinisme est encore à l’œuvre dans nos sociétés dites "libérales".
Un poster dans le bureau du directeur départemental de ERDF
Si on compare le stalinisme aux autres totalitarismes européens du 20eme siècles, on se rend compte que celui-ci bénéficie d'une relative bienveillance dans le discours public. Une petite comparaison sur Google trend le montre assez clairement: le stalinisme et sa critique n'ont pas la cote. Pourtant il existe un domaine ou il semble être bien présent: Le management en entreprise.

Vous avez sûrement remarqué sa dernière incarnation dans les médias à propos des coupeurs de compteur d'electricité de ERDF. Je cite: 
"Le document interne, obtenu par la Rep’, relève que la direction départementale fixe un objectif de coupures de courant à atteindre. Le nombre de cinquante coupures à réaliser, au minimum, étant indiqué.

Pour gagner un lot, les agents doivent réaliser les meilleures performances. Le premier prix est un Ipad, remporté si 80% de l’objectif est atteint. C’est 75 % pour un lot d’une valeur de 80 €, 70 % pour 65 €… "

C'est un exemple intéressant car en deux phrases, on a le droit à un petit concentré de stalinisme ordinaire:
  • Le nombre d’unité produites ne semble pas dépendre des besoins réels. Ici les agents ne doivent pas par exemple "couper l’électricité des x premiers déciles des plus mauvais non-payeurs", ce qui serais logique économiquement. Non, ici ils doivent simplement en effectuer 50 minimum. Aucune intelligence, de la bonne vieille économie planifiée. Faites-en 50 et à X agents ça prendra Y mois pour traiter le backlog (ce qui n'arrivera jamais bien sur). On peut parier que les agents choisiront les cas plus faciles. Si ça vous rappelle les objectifs chiffrés dans la police mis en place par la bande à Sarko, c'est normal, c'est la même façon de ne pas penser.
  • Les objectifs inatteignables (réussir a atteindre les 80% fait de vous le meilleur..). Typique du goulag, l'objectif inatteignable est un moyen facile et courant  (la aussi pas besoin de penser, une calculette et un doigt mouillé suffisent) de casser l'estime de soi des agents et par la de s'assurer leur soumission. En plus ça fourni un reproche prêt a l'emploi pour les entretiens de fin d’année. Pratique.
  • Un système de récompenses exponentiel. L'article ne dit pas de quels iPads il s'agit, mais en prenant le moins cher d'entre-eux (le iPad mini sans options), la valeur de la récompense a 80% de l'objectif est de 339 €, a 75%, c'est 80 €, etc.. Pour m'amuser j'ai fait un petit plot:
Si vous êtes a 75% et que vous faites 5% d'objectif en plus, vous êtes donc catapulté vers un bonus 5 fois plus grand! Ça serait vraiment bête de louper ça. Quelque chose me dit que:
- soit les agents vont devoir trimer comme des ânes pour passer de 75% a 80%. Seuls les stakhanovistes réussirons sans doute en payant de leur personne. 
- soit le management a fait des stocks énormes d'iPad super chers et n'a pas prévu de faire beaucoup de chèques de 80 €.
Devinez un peu quelle est l’hypothèse la plus vraisemblable. Au Goulag, la récompense en nourriture supplémentaire des prisonniers dans le cas ou ils atteignaient leurs objectifs n’était simplement pas suffisante pour couvrir les besoins caloriques nécessaires pour atteindre ces mêmes objectifs (je parle bien sur de travail physique). Le résultat c'est qu'a force d'atteindre leurs objectifs, les meilleurs travailleurs s’épuisaient petit a petit jusqu'au point de rupture. Ils mourraient quoi. De nos jours, les gens font des nervous-breakdowns.

Un cours magistral de management dans une grande école
Comme vous avez pu remarquer, j'ai volontairement fait l'impasse sur l'aspect "moral" de l'affaire (La méchante ERDF qui veut couper le courant en hiver des gentils pauvres). Qu'une entreprise ne soit pas une oeuvre de charité et qu'elle ne soit au final qu'une machine à faire du pognon produire de la valeur sur le long terme ne me choque pas particulièrement. Si on voulait garder EDF comme service public, fallait le dire avant hein. Cependant, il est intéressant de constater que c'est uniquement cet aspect moral qui à déclenché l'apparition médiatique de l'histoire. Je cite le syndicaliste de la CGT: "De telles pratiques sont scandaleuses, à l’heure où le gouvernement se positionne sur les coupures hivernales". En même temps on va pas demander a la CGT de dénoncer le stalinisme...

Évidemment c'est cet aspect émotionnel qui intéresse les journalistes (et vous?). A part le directeur départemental de l'ERDF - qui n'est sans doute qu'un petit rouage dans la grande machine - personne n'est assez inhumain pour souhaiter que les pauvres grelottent tout l'hiver. Cependant si on va au delà de cet aspect émotionnel, quelque chose me dit que non seulement le stalinisme et son système d’allégeance, de rente sociale, de décervelage et de déresponsabilisation des agents à des effets dévastateurs sur la sante, et même sur la vie des salaries, mais qu'il est aussi en partie responsable de la stagnation de l'innovation française.

Terminons sur une citation de Coluche: "Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme c'est le contraire."

vendredi 11 janvier 2013

Les petits mouchoirs: les bronzés en pas drole

Hier j'ai vu les petits mouchoirs, une comédie dramatique avec des vrais personnages dedans. Pour vous éviter la même souffrance au cas ou ça passerais à la teloche, voici mon compte-rendu (Attention, spoilers de la mort)

Le pitch: une bande de ringards parisiens va passer des vacances mouvementées dans une villa au bord du bassin d'Arcachon.

C'est donc l'occasion pour Guillaume Canet de nous présenter une galerie de personnages dans la tradition de la comédie de moeurs française. Les voici:

Les garçons: ce sont de grand ados parisiens attardés qui font rien qu'a se chamailler. Heureusement, l'un d'entre eux meurt et tout le monde est copain à nouveau. Comme dans les bronzés.

Les filles: ce sont des bourgeoises macrobiotiques mal baisées mais qui encaissent et assurent tant que bien que mal la santé psychologique du groupe. Rapport que c'est des femmes, donc c'est normal. Elle doivent sûrement lire psychologie magazine. En vacance, elle ne cherchent même pas à passer un peu de bon temps. Pas comme dans les bronzés. Dommage.

Les provinciaux: des bon gars plein de bon sens et de joie vivre de la province et des pays du sud. Deux territoires qui occupent sûrement une place similaire dans la psyché parisienne. Référence: Les italiens des bronzés. Sauf que la le cliché n'est pas vraiment assumé.

Les enfants: accessoires décoratifs, marqueurs social ou prétexte à l'engueulade, ça dépend des scènes. Ce sont juste des outils pour la narration. J'ai rarement vu un tel mépris pour des personnages.

Allez, le détails des personnages, on se fait plaisir:

Ludo (Jean Dujardin). Un gars fêtard qui va fumer une clope mais qui en fait préfère rentrer en scooter et se fait dézinguer par un camion. Il passe tout le film dans un semi coma - comme nous en fait - mais a quand même le bon goût de mourir à la fin pour réconcilier tout le monde dans le malheur. Référence:  Bourseault des bronzes. Bip bip!

Max (François Cluzet). Parvenu qui entretien le mythe a coup de 'quand j’étais jeune mes parents m'envoyaient bosser pendant les vacances'; genre Zola tu vois. Gros con mais bon fond. Vu que c'est lui qui a le plus de pognon et qui invite, il se sent autorisé a se comporter comme une ordure avec tout le monde, même les gosses (typique du parvenu). Ses potes sont tellement des couilles molles, que quand il défonce un mur de sa chambre à la hache en pleine nuit, et bin eux, au lieu de flipper ils trouvent ça marrant. Mais sinon bon fond hein. Référence  Chistian Clavier dans les bronzés, mais en plus dangereux.

Veronique, femme de Max (Valérie Bonneton): bourgeoise macrobiotique école new-age. C'est le pendant vaguement humain de Max. Une sorte de Carla bruni. Elle force Max à faire des bisous aux enfants de temps en temps.

Antoine (Laurent Laffite). Le lover loser improbable sans burnes. Réussi l'exploit d’être encore plus pathétique que Jean Claude Dus et d'arriver à conclure quand même. Rigolo deux minutes.

Marie (Marion Cotillard). La connasse bobo. Sous des dehors baba cool tendance pétard et chants d’Amazonie la connasse bobo aspire juste à devenir une bourgeoise comme les autres. D'ailleurs quand elle se retrouve en cloque sans mec stable - le sien est mal en point, et son amant s'est barré - elle a grave les boules. Bien fait!

Eric (Gilles Lelouche). Le Casanova du rayon surgelé. Se fait un honneur de niquer le plus de meufs possible, mais fuit la queue entre les jambes lorsqu'il rencontre son pendant féminin. Un minable en fait. D'ailleurs sa gonzesse est tellement motivée pour le larguer qu'elle fait l'aller retour Paris Bordeaux sur la journée rien que pour ça. Personnage des bronzés: Popeye - mais en chiant.

Vincent (Benoit Magimel). Bourgeois bon teint mais au goût pour la muscu un peu suspect. Il découvre sa bisexualité sur le tard et insiste lourdement sur le fait qu'il n'est pas homo. Sans doute pour éviter de faire exploser son petit cerveau conservateur. Il voudrait bien se taper Max. Max n'est pas d'accord, et du coup Vincent bande mou avec sa femme et ça fout une mauvaise ambiance. C'est ballot.

Isabelle (Pascale Arbillot). La femme de Vincent. Frustrée par son bi éconduit de mari, elle se console en jouant a sim-sexe et en s'occupant des gosses. Tout le monde s'en fout, même nous. Elle reste bien à sa place de mère. Ouf.

Raphaël (Matthieu Chedid). Le gars sympa qui se sert hyper bien de son manche (de guitare). C'est pour un temps l'amant de la connasse bobo avant qu'il ne décide de venir s'incruster à la villa pour dire coucou. Et la, il joue tellement bien de la guitare que tout le monde est content. Sauf marie qui ne supporte pas qu'il tape l'incruste. Comme il est super cool - c'est un artiste alors forcément - il plaque marie gentiment et même qu'il lui donne sa guitare - une Gibson hyper cher. Haa ces artistes..

Nassim (Hocine Mérabet ) Le prof de gym-tonique amoureux des belles lettres. Lui c'est un maghrébin hyper bien intégré comme il faut. Il maîtrise parfaitement le français, mille fois mieux que le reste des personnages, mais en fait il est seulement prof de gym-tonique. Normal, le sport c'est un truc de métèques.  Cerise sur le gâteau il est même pas musulman vu qu'il cite des moines japonais ou tibétains à tout va. Il est tellement occupé à dire qu'il est a l’écoute des autres qu'il se rend même pas compte qu'il est avec une grosse bande de connards. Ça c'est de l'immigré qu'on aime! Ambiance Brice Hortefeux.

Jean-Louis (Joël Dupuch).L'artisan provincial plein de bon sens. Alors lui on ne lui la fait pas! Il a un petit élevage d'huîtres tellement bio qu'il préfère ramer que d'utiliser un moteur sur son bateau. Faut dire que c'est une force de la nature. Il arrive à faire Arcachon Paris aller et retour sur la journée. Il a aussi un coeur grand comme ça mais il est un peu bourru. Altruiste et sincère. Sensible mais viril. On le devine veuf et toujours fidèle. Il a des problèmes de pognon, mais il s'en fout, il en a vu d'autres. Un Charles Ingalls version sud ouest. Ça c'est du provincial qu'on aime! Ambiance terroir authentique et retour a la terre.

La réalisation: Du niveau d'un téléfilm de france3 avec de la belle musique pop-rock pour faire jeune cool en plus. Circulez y'a rien a voir.

Conclusion:

On ne sait pas vraiment ce qu'a voulu faire Guillaume Canet avec ce film. A-t-il voulu nous livrer une critique radicale du parisianisme en nous emmerdant pendant 2h30 avec des personnages abjects et rétrogrades ou délibérément caricaturaux? A t-il subtilement voulu nous alerter sur l’impossibilité du bonheur quand on est aussi con et borné que les personnages principaux? A-t-il sincèrement cru qu'il suffisait d'ajouter de la belle musique sur des scènes débiles (la conclusion du Jean Claude Dus est un modèle du genre) pour nous faire 'passer de l’émotion'? On ne le saura jamais, et c'est sans doute tant mieux. En attendant, je vais me revoir les bronzés 1 et 2.

Jeje.